Festen

Tourné caméra à l’épaule, le film récompensé au Festival de Cannes faisait exploser l’hypocrite bienséance bourgeoise assise sur le non-dit, le racisme, la violence et les abus sexuels. Très différente du film qui révélait crûment la violence, la mise en scène de Cyril Teste est d’une sobriété tenue. La souffrance intime est éclairée par le biais du hors-champ, qui sert de contrepoint aux apparences trompeuses. La scénographie épouse l’architecture d’un hôtel particulier totalement ouvert sur le public : la pièce se déroule comme un plan séquence dans lequel le chef opérateur traverse les murs, les fenêtres, les miroirs pour suivre le récit. Une maison vivante qui offre des prises de vue au plus près des acteurs, des images qui s’attardent sur les moindres détails, sur les visages et les émotions qu’ils reflètent. Festen nous plonge dans la complexité d’une famille débordée par sa mémoire et son hypocrisie. Le repas destiné à célébrer l’anniversaire du père résonne inévitablement avec le banquet d’Hamlet, au cours duquel le jeune héros cherche à faire éclater la vérité. Mathias Labelle, qui jouait déjà dans Nobody, irradie dans Festen où son jeu intense est proprement saisissant.